MARIE DIONGOYE KONATÉ, L’INSUBMERSIBLE
Dans la zone industrielle d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, un miracle africain. Avec ses produits NUTRIBON et FARINOR, une petite entreprise locale est parvenue à se hisser au niveau des multinationales Danone et Nestlé. PKL, pour Protein Kissèe-La ( Protéines issues de la graine en langue bambara ), qui fabrique des farines infantiles enrichies à base de soja et de maïs, est la première entreprise de production d’aliments pour bébé au sud du Sahara, numéro deux du marché ivoirien juste derrière Danone. Derrière ce succès, une femme, l’une des premières industrielles en Côte d’Ivoire. Marie Diongoye Konaté c’est d’elle qu’il s’agit.
HISTOIRE
Dans les années 80, alors Jeune ingénieure architecte, elle se rend au Brésil. Le pays premier producteur mondial de soja, de sucre transforme localement ses propres ressources agricoles. “Le problème en Afrique, c’est que nous exportons ce que nous produisons et importons ce que nous mangeons”, s’insurge-t-elle. Une pratique qui nuit au développement de l’agriculture locale et à l’emploi. Malienne d’origine, elle rejoint la Côte d’Ivoire au début des années 90 pour travailler sur un projet financé par le gouvernement autour du soja. Un boulot en or pour elle, sauf que depuis son voyage au Brésil, la graine a germé et la même obsession revient sans cesse. Elle décide d’abandonner le confort de son bureau pour se lancer dans la production de céréales infantiles. Elle s’installe à adjamé.
DAVID CONTRE GOLIATH
Les institutions bancaires refusent de financer son projet « La BAD et la SFI ont trouvé mon projet FASCINANT mais ne pouvaient le financer. Une autre m’a dit que mon projet n’était pas viable parce que j’allais chasser dans la cour d’une multinationale bien connue en Afrique. <<ils pensaient que j’allais me faire écraser par les multinationales>>.
Piquée au vif, révoltée, Marie ne se dégonfle pas pour autant. Avec 400.000 F CFA comme fonds propres, elle s’achète un broyeur et se met au travail. C’est dur. « Il ya des nuits où j’étais hantée par l’abandon ». Son premier prêt, elle le doit à la CFD (Caisse Française de Développement) devenue AFD, 40 millions qu’elle va d’ailleurs rembourser par anticipation, provoquant l’estime de ses créanciers. Du faubourg d’adjamé elle s’installe en zone industrielle de vridi.
En 1997 l’UE lui donne son premier gros contrat 900 tonnes de farines. Le rêve prends corps et les succès s’enchaînent…
Marie Konaté a bien mérité son surnom: l’insubmersible. Elle a aussi reçu le prix de la Meilleure PME de Côte d’Ivoire en 2002. En 2001 le premier prix de l’innovation décerné par le Ministère ivoirien de l’industrie.
PKL, aujourd’hui c’est 74 employés permanents dont 45% de femmes et 7 Ingénieurs, 200 emplois non permanents, c’est une succursale au Sénégal et un distributeur au Cameroun, c’est plus de 12 mille tonnes de produits agricoles achetés aux paysans ivoiriens entre 2005 et 2009 pour plus de 2,5 milliards de FCFA.
Source : Banque Mondiale